“Pour le service de Dieu, du Roi et des grands seigneurs.” La fabrication d'images brodées à Paris, XIIIe-XVIe siècle

La prochaine réunion des Ymagiers aura lieu le lundi 10 juin 2024, à 17 h 30, à l’École du Louvre, amphithéâtre Dürer (Palais du Louvre, Place du Carrousel, Porte Jaujard, 75001 Paris) :

• Astrid Castres, «“Pour le service de Dieu, du Roi et des grands seigneurs.” La fabrication d'images brodées à Paris, XIII^e-XVI^e siècle».

Dans l'Occident médiéval et tout au long du XVI^e siècle, la broderie occupait une place que l'on a parfois de la peine à se figurer aujourd'hui. Les broderies – exécutées avec des fils d'or, d'argent et de soie pour les plus luxueuses, de laine et d'applications peu coûteuses pour les plus modestes – enrichissaient les garnitures textiles des intérieurs princiers et bourgeois, les ornements liturgiques ainsi que les habits, harnachements de chevaux et accessoires des membres de la cour. À Paris, cette production était l'affaire de brodeuses et de brodeurs organisés en jurande depuis la fin du XIII^e siècle. De ces ouvrages qui firent la réputation des ateliers de la capitale, il ne subsiste malheureusement qu'un petit nombre de textiles, aujourd'hui conservés dans des musées et des trésors d'églises.

À partir de l'analyse d’exemples choisis, il s’agira de réfléchir aux spécificités de ces images en les replaçant dans leur contexte de production et d’usage. Une fois l'histoire des ateliers parisiens retracée, on cherchera à appréhender la chaîne de fabrication d'une broderie en s'intéressant tout particulièrement au rôle de l’artisan chargé de la transposition d'un modèle dessiné, peint ou gravé en matériaux textiles (support généralement souple et mobile). Différents cas seront considérés : de la pièce unique créée d’après un patron fourni par un peintre aux figures brodées en série aux XV^e et XVI^e siècles, qui étaient rapportées sur des bandes d’orfroi où elles étaient associées à des fonds d’or et à des architectures stéréotypées. La manière dont ces images étaient portées, manipulées et perçues sera également prise en compte afin d’amorcer une réflexion sur les effets obtenus par la mise en œuvre de techniques particulières, parmi lesquelles «l’or nué».

Astrid Castres est maîtresse de conférences à l’École pratique des Hautes Études (EPHE-PSL). Elle est l'autrice d'une thèse sur la broderie parisienne du XVIe siècle (La main et l'aiguille : la broderie et ses artisans à Paris au XVI^e siècle, à paraître aux Presses universitaires de Rennes) et a été commissaire associée de l’exposition L’art en broderie au Moyen Âge. Autour des collections du musée de Cluny (2019-2020). Depuis janvier 2023, elle coordonne un projet de catalogue numérique des broderies conservées dans les collections publiques françaises, financé par la Ville de Paris avec l'appui du ministère de la Culture (Émergence(s) 2023-2026).

• Merci de vous inscrire auprès de Claudia.Rabel@cnrs-orleans.fr au plus tard le jeudi 6 juin 2024, 18h, et de préciser si vous souhaitez assister à la séance à distance (communication du lien de connexion).

Légende de l'image : Parement d'autel, France, 1^er tiers du XIV^e siècle, Château-Thierry, musée du trésor de l'Hôtel-Dieu, inv. 2008.0.294.