Exorcisme et démonologie à Byzance : nouvelles recherches

Saint Martin démasquant une ruse du diable - Saint Martin exorcisant une possédée, Tours, BM, ms. 1018, f. 49v.
Organisateurs IRHT
Descriptif

La prochaine séance du séminaire Recherches en histoire des textes scientifiques et magiques au Moyen Âge CESFiMA-IRHT (pôle Quadrivium) aura lieu le vendredi 27 janvier de 10h à 12h, au Centre Augustin-Thierry (Orléans). Nous aurons le plaisir d'entendre Tamara Andrucovici (Université de Paris-Sorbonne), qui nous parlera de l'Exorcisme et démonologie à Byzance : nouvelles recherches.

Le terme grec « ἐξορκισμός » révèle une pratique de l’exorciste consistant à conjurer un ou plusieurs démons par son nom, afin d’inverser l’équilibre des forces et de détenir l’emprise sur le démon. Le Testament de Salomon expose ainsi la manière dont le roi biblique a contraint 72 démons à bâtir le Temple de Jérusalem grâce à l’anneau de l’archange Michel. Les gialloudochartia constituent une source abondante de ce type d’exorcismes « par le nom », effectués par des clercs ou quiconque savait écrire afin de prémunir le porteur de l’amulette contre l’esprit démoniaque. Ces formes d’exorcisme sont inspirées de la tradition juive. Les monastères orthodoxes détiennent encore des gialloudochartia peu étudiées, susceptibles de présenter une source supplémentaire, notamment pour l’époque des Paléologues. Les Euchologia contiennent également des textes d’exorcismes destinés à l’usage des moines et à des fins domestiques.

La démonologie relève de l’anthropologie sociale à Byzance, où culture matérielle, théologie, spiritualité́ générale fonctionnent comme un ensemble cohérent, les démons détenant un rôle primordial dans la compréhension du monde. L’exorcisme répond à un désordre. Le démon sert à attribuer un comportement qui n’est pas acceptable socialement à une figure extérieure ; accuser quelqu’un d’être possédé par un démon permet de disculper l’individu de la gravité de ses actes afin de lui accorder des circonstances atténuantes. Par son caractère punitif, l’exorcisme permet de réintégrer l’individu en le disculpant de son côté asocial, offrant à la société concernée une manière de gérer ses individus. L’évolution de ce que l’on pourrait appeler « l’écologie démoniaque » oblige l’exorciste à s’adapter, en offrant des pratiques et rituels idoines ; afin que l’exorcisme soit performant, il est indispensable, pour l’exorciste, de comprendre la manière dont la possession – i.e. le(s) démon(s) – opère(nt). Les démons émergent du paganisme ; bannis des temples et des objets qu’ils investissaient naguère, ils sont relégués au désert où la foi chrétienne des moines égyptiens ne manque pas de les traquer. Polymorphes, ils habitent des zones aériennes, aquatiques, terrestres à l’époque d’Auxence († 470), opérant de manière diversifiée : illusions, tentation spirituelle, possession immédiate de durée indéterminée – la rechute dans l’état de péché impliquant parfois une nouvelle possession par un (ou plusieurs) démon(s) ; de même que le recul de la vie chrétienne dans un lieu donné peut laisser place aux démons du paganisme.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

Type d'événement: Séminaire
Conditions d'accès
Libre