Durant au moins deux millénaires, les Seconds Analytiques d’Aristote ont joué un rôle de premier plan dans la réflexion sur la science, ses objets et ses procédures. On a souvent retenu la structure syllogistique comme élément essentiel de cette conception. Mais le traité examine aussi de nombreuses autres questions relevant de la philosophie des sciences : statut des principes, nature des prémisses, fonction du moyen terme, rapport entre causalité réelle et causalité épistémique, diversité des types de démonstration, rôle des définitions, confrontation du modèle ainsi élaboré avec les mathématiques. Chaque fois, c’est toute une série de nouveaux problèmes qui surgit à partir ou à l’occasion du texte aristotélicien, amplifiés par la suite des exégèses auxquelles celui-ci a donné lieu.
L’objet de cet ouvrage collectif est d’étudier quelques moments majeurs des interprétations et usages des Seconds Analytiques. Il n’entre pas dans les débats contemporains concernant le texte même d’Aristote et n’examine que de façon marginale les premiers commentaires grecs ; il a pour objet premier leur transmission ultérieure jusque dans l’occident médiéval. Dans ce parcours, il prend en compte le monde byzantin et le monde arabe. Une grande partie de l’ouvrage est ensuite consacrée aux xiiie et xive siècles en Occident médiéval, mais on trouvera aussi quelques études examinant la place des Seconds Analytiques chez quelques humanistes italiens ou dans le nominalisme du début du xvie siècle.
Ce volume propose ainsi une histoire de la transmission et de l’interprétation de ce texte, tout en visant à éclairer quelques questions importantes pour la nature de la démonstration et de la connaissance scientifique.