L’étude de l’Ars de Priscien, débutée discrètement dans les Îles britanniques au VIIe siècle, a occupé une position essentielle dans la formation médiévale. Sous l’impulsion d’Alcuin, elle a ouvert de nouvelles perspectives aux réflexions grammaticales pour des générations d’écolâtres. Les plus anciens témoins manuscrits de l’Ars attestent que les innombrables explications notées en marges ont tenu un rôle capital dans la transmission du savoir.
Le présent volume décrit le contexte pédagogique et plus largement le milieu culturel dans lequel s’insère l’étude de la grammaire dans le haut Moyen Âge, et s’attache tout spécialement à dégager les étapes de sa réception dans les monastères, d’abord sous l’angle des livres qui la transmettent, puis de celui des maîtres qui les ont utilisés. À cet effet, les gloses constituent des témoignages fondamentaux qui font l’objet d’une triple enquête : typologique, textuelle et historique.
Les gloses présentées ici dévoilent les rouages intimes d’un monde scolaire en constant renouvellement. Elles font la lumière sur les patients travaux des maîtres carolingiens, qui ont minutieusement décortiqué le texte complexe de Priscien. Elles montrent l’élaboration d’une méthodologie promise à un brillant avenir. Et si les Carolingiens se sont attachés surtout aux seize premiers livres, ils n’en ont pas moins préparé le terrain d’une seconde réception, qui placera, dès la fin du XIe siècle, les deux derniers livres sur la syntaxe au centre des débats scolastiques.