Appel à communications : Communautés de pratiques et d’expériences au premier Moyen Âge

Enluminure, manuscrit, hommes d'église
Autres organisateurs
Piroska NAGY (Université du Québec à Montréal)
Descriptif

Les communautés médiévales – citadines ou rurales, politiques ou religieuses – sont depuis longtemps au cœur de l’intérêt historien. Dans les sociétés prémodernes, les communautés locales étaient à la base de toute expérience de la société : le singulier ne pouvait se penser qu’à partir du collectif; l’individu, à partir de la communauté et jamais sans. Si les pratiques des communautés supposent la coopération des membres d’un groupe en vue de la réalisation d’un objectif commun, et reposent à la fois sur une culture partagée et sur l’interaction et l’échange régulier d’informations, amenant à la prise de conscience d’une spécificité et d’une identité distincte, de nombreuses occasions de la vie en société rassemblent des foules et créent des collectivités éphémères, qui peuvent avoir une durée de vie variable. L’on peut penser à celle des foules accompagnant les translations de reliques ou des processions, à des événements liturgiques ; à celle des membres de différentes assemblées (plaid, assemblée générale, concile); aux armées en campagne, ou encore à de foules en colère, qu’il s’agisse des différents épisodes « patarins » en Italie ou des foules mettant à sac le Harzbourg d’Henri IV en 1074. Qu’est-ce qui caractérise l’expérience collective – et l’expérience personnelle d’un événement collectif ? Quelles sont les expériences et les descriptions de la foule éphémère ou du rassemblement collectif qui servent parfois à actualiser une communauté durable ? Comment l’une et l’autre sont décrites, évaluées, et comment les comprendre aujourd’hui ?

Afin de s’intéresser aux différences entre expériences collectives éphémères et les autres, le présent appel cherche à explorer, lors d’une journée d’étude qui se tiendra à Montréal le 30 septembre 2022, les manières d’expérimenter – ou de mettre en œuvre – le collectif entre le VIe et le XIe siècle, pendant des moments ou événements, spontanés ou rituels, bien circonscrits. Nous viserons à cerner les modalités des expériences de communautés ou collectivités lors de rassemblements temporaires, momentanés ou éphémères, vécus et décrits par les participants d’un événement, qu’il soit (par exemple) rituel ou spontané, répété ou contingent. Il s’agira de s’interroger à la fois sur le vécu personnel du collectif ; sur le regard porté sur l’expérience collective par la personne qui le relate à distance ; enfin sur la manière dont la dimension collective construit l’expérience et l’efficacité social d’un événement. Il s’agit alors de s’interroger également sur la construction de la mémoire, concernant le collectif.

Dans l’historiographie des vingt dernières années, ces questions ont été habituellement posées sur les derniers siècles du Moyen Âge (XIIIe-XVe s., éventuellement en incluant le XIIe siècle, par exemple dans le monde des communes italiennes); le projet de recherches COREM axé sur les émotions et expériences collectives, s’intéresse avant tout aux XIe-XIIIe siècles. Le programme de recherches « À la recherche des communautés du haut Moyen Âge » a consacré une partie de ses travaux à l’action collective comme élément de construction d’une communauté, mais sans mettre l’accent sur l’expérience vécue. Rares sont en fait les travaux qui se soient intéressés à la manière de penser, pratiquer et expérimenter le commun, le collectif, et aux lignes de forces de ces expériences, dans la période précédant tant la révolution documentaire que la récupération du legs du droit romain et de l’aristotélisme.

En choisissant le terme ‘expérience’, nous nous intéressons ici au spectre complet du vécu humain, tel que transmis par les sources, qui embrasse à la fois l’expérience corporelle et sensorielle, affective et cognitive (ce qui inclut l’imagination et le rêve tout autant que la conceptualisation d’une réflexion). Cette expérience n’est alors en aucun cas pré-discursive, au contraire les discours (oraux, écrits, visuels et corporels) la constituent à double titre : à la fois comme ce qui modèle, à son origine, l’expérience et ce qui met en forme la transmission d’une expérience vécue. Les pratiques sociales – impliquant une forme régulière, socialement ou culturellement normée d’actions (pratiques politiques, pratiques liturgiques ou religieuses, etc.) – dans lesquelles toute expérience s’ancre doivent être explorées afin de mieux comprendre comment les expériences les incarnent, les transforment ou les contournent autour d’un moment ou événement singulier.

Cette journée d’étude s’organisera de la manière suivante: les intervenants, acceptés doivent proposer un dossier documentaire à lire et une version brève (1 à 2 pages) de leur communication ou du moins des problèmes discutés par écrit, un mois avant la tenue de la rencontre. Le moment de la journée d’étude permettra d’entendre une communication de 15 minutes, suivi de 30 minutes de discussion sur les documents et la problématique. Pour proposer des interventions, nous demandons de mettre l’accent sur la rencontre entre documents et concepts.

Organisation

Groupe de recherche en histoire des sociabilités ; LAMOP ; Université Paris 1 Panthéon Sorbonne ; UQAM Université du Québec à Montréal 

INFORMATIONS PRATIQUES

Type d'événement:
Conditions d'accès
Libre
Date des séances
20/06/2022 - 23:55
Lieu :

UQAM, Montréal