Dans les années 1990, à l’Université de Namur, Guy Philippart lança un ambitieux projet de saisie électronique de tous les catalogues de manuscrits hagiographiques latins alors déjà publiés par les Bollandistes depuis la fin du XIXe s. Au sein du Centre de recherche « Hagiographies », qu’il animait au département d’histoire de l’Université de Namur, Michel Trigalet et François De Vriendt, eux-mêmes épaulés par Paul Bertrand et Bénédicte Legrain, créèrent la base de données Légendiers (1993-1997) : ils y combinèrent les données des catalogues et les rubriques correspondantes de la Bibliotheca Hagiographica Latina (BHL), et ils enrichirent celles-ci d’éléments divers, fournissant ainsi les matériaux d’une grande enquête statistique sur l’histoire de la sainteté et des textes afférents. De son côté, la Société des Bollandistes procéda à la saisie électronique des incipit et desinit des textes répertoriés par la BHL : ce travail fut mené à bien par Jean-Marie Delanghe.
L’une des finalités de l’entreprise Légendiers était d’aboutir à un index cumulatif des catalogues de manuscrits latins publiés par les Bollandistes. D’un commun accord, il avait été décidé que la Société des Bollandistes se chargerait de sa révision et de sa publication. La solution qui s’imposa fut celle d’une édition sur support électronique. Élaborée par Robert Godding et Xavier Lequeux, une nouvelle base de données vit le jour : elle combinait des éléments de la base namuroise Légendiers avec ceux que les Bollandistes avaient saisis de leur côté. Le tout fut commodément adapté à une consultation en ligne. Baptisé Bibliotheca hagiographica latina manuscripta (BHLms), ce nouvel outil fut mis gratuitement à la disposition des chercheurs, de 1999 à 2024, sur le site de l’Université de Louvain (1).
Le lancement de la BHLms, rapidement devenue indispensable aux chercheurs, constitua une étape décisive, mais certainement pas définitive. Elle ouvrit la voie à une entreprise similaire du côté grec : une collaboration entre la société des Bollandistes et la section grecque de l’IRHT aboutit ainsi au lancement de la BHGms, accessible depuis 2017 sur la base Pinakes de l’IRHT.
L’affaire, du côté latin, n’était pas close pour autant. Le corpus mis à disposition par la BHLms était en effet limité aux seuls catalogues bollandistes. Mais l’outil utilisé n’autorisait pas de mise à jour substantielle. Pour pouvoir l’enrichir du dépouillement d’autres catalogues de manuscrits latins, il fallait donc réfléchir à une nouvelle base de données, plus évolutive, et susceptible de prendre le relais de la BHLms, menacée d’obsolescence. C’est dans cet esprit que Michel Trigalet confia à l’IRHT la base Légendiers élaborée à Namur durant son doctorat. En 2019, sous l’impulsion de François Bougard, directeur de l’IRHT, et de Robert Godding (s.j.), directeur de la Société des Bollandistes, un partenariat fut donc noué entre l’IRHT, la Société des Bollandistes et l’Université de Namur, avec l’ambition d’aboutir à la publication d’une nouvelle base de données, qui prit le nom de Légendiers latins.