Une plongée dans l’histoire de la Biblioteca Casanatense de Rome a permis d’identifier dans ce fonds méconnu 42 manuscrits médiévaux d’origine française, exportés en Italie par un mystérieux collectionneur une dizaine d’années avant la Révolution.
L’enquête révèle les pratiques et l’identité de ce lointain héritier des chasseurs de textes médiévaux, plus connu pour ses travaux sur les incunables et son rôle dans la création des bibliothèques publiques au cours des années 1790 que pour le trafic de manuscrits. Les volumes proviennent de trois collections cisterciennes dont on ne possédait presque plus aucun vestige : La Charité au diocèse de Besançon, Cheminon et Montier-en-Argonne au diocèse de Châlons-en-Champagne.
Les manuscrits conservés, en Italie mais aussi en France et en Grande-Bretagne, font ici l’objet d’une soixantaine de notices. Avec les inventaires anciens, ils permettent d’écrire partiellement l’histoire de ces collections médiévales, de leur naissance à leur dispersion. L’identification et l’indexation de l’ensemble des œuvres possédées jadis par ces trois établissements et les abbayes appartenant aux mêmes lignées font apparaître deux modes de formation des bibliothèques cisterciennes : en Champagne se constitue une famille intellectuelle par le jeu des filiations institutionnelles, alors qu’en Franche-Comté s’avère déterminante la proximité de centres de transmission des textes extrêmement actifs à l’époque carolingienne, dont les cisterciens récupèrent et font fructifier l’héritage.
Trois index et 34 planches complètent cet instrument de travail.