Avec ce nouveau volume s’achève le tome IV de la synthèse monumentale que Birger Munk Olsen a consacrée à la survie des auteurs classiques latins dans les premiers siècles du Moyen Âge, jusqu’aux alentours de l’an 1200. Deux tomes ont été consacrés à un répertoire en principe exhaustif des manuscrits qui ont transmis la littérature classique ; le troisième a présenté l’apport des bibliothèques médiévales ; il restait à mettre en lumière les conclusions que ce corpus d’une ampleur sans précédent permet de tirer sur la réception de la littérature latine profane, ce qu’on pourrait appeler le « commerce des classiques » au Moyen Âge.
Après avoir présenté dans une première partie les efforts des scribes et des philologues pour mieux comprendre les textes, pour en améliorer la qualité et pour identifier, dans la masse des fausses attributions et de la littérature pseudo-antique, les oeuvres authentiques, l’auteur dresse ici le bilan de ce qu’on connaissait dans les écoles et en dehors des écoles soit par la fréquentation directe des oeuvres, soit par l’intermédiaire d’abrégés et d’extraits, isolés ou insérés dans des florilèges. Il nous montre les copistes à la recherche de modèles, et nous révèle comment la mise en page et des éléments paratextuels, comme les illustrations, ont facilité l’accès à des oeuvres, nées dans un univers tout différent. Certains de leurs aspects n’étaient pas sans choquer les chrétiens bien-pensants : d’où les nombreuses tentatives d’en justifier l’étude contre les critiques. La lecture de ce maître-livre aidera à comprendre les voies par lesquelles les classiques sont venus faire part intégrante de notre culture occidentale. Ses index détaillés en font un instrument de travail incontournable aussi bien pour le philologue classique que pour le médiéviste.
Birger Munk Olsen, agrégé de l’Université, docteur en littérature française et docteur honoris causa de l’École normale supérieure, est l’auteur de nombreux travaux, qui traitent notamment des bibliothèques médiévales et de la réception de la littérature classique au Moyen Âge. Il est professeur émérite de l’université de Copenhague, président honoraire de l’Académie royale des sciences et lettres du Danemark et membre associé de l’Institut de France.