Quand ils écrivent la Vie d’un saint, les hagiographes racontent des événements passés, les situent dans un contexte nécessaire à leur récit, tout en les inscrivant dans un plan de Salut. L’hagiographie est donc un exercice d’écriture de l’histoire, mais d’une autre histoire que celle des chroniqueurs. Les hagiographes de l’Antiquité tardive voulaient qu’on les distinguât des historiens profanes ; mais quand leurs successeurs du premier Moyen Âge discutent de la chronologie et confrontent leurs sources, ils définissent des techniques savantes et une éthique adaptées à la connaissance du passé, qui ne sont pas très éloignées des pratiques attendues des historiens. Leurs Vies apportent ainsi un jour nouveau sur ce que le Moyen Âge appelait l’histoire. Elles dévoilent aussi la culture historique et les représentations du passé que l’Occident latin a façonnées à force de se raconter des histoires de saints.
Ancienne élève de la rue d’Ulm et membre junior de l’IUF, Marie-Céline Isaïa enseigne l’histoire du Moyen Âge à l’Université Jean Moulin Lyon 3 depuis 2006. Dans le cadre du CIHAM UMR 5648, elle est responsable avec Marie-Pascale Halary et Bruno Paoli du thème Savoirs et autorités ; elle coordonne avec Rémy Gareil le programme comparatiste Faire école. Maîtres et élèves d’Orient et d’Occident (IVe-XVIe siècle). Elle a récemment publié avec Makram Abbès, Liberté de parole chez Brepols et avec Nicole Bériou et Michel Sot, Sainte Geneviève (Actes des colloques de l’AIBL).