Un censier normand du XIIIe siècle

Le Livre des jurés de l'abbaye Saint-Ouen de Rouen
Illustration
Auteur
Henri Dubois , Denise Angers , Catherine Bébéar
Date de parution
2001
Lieu d'édition
Paris
Prix éditeur
70.78€
Langue
Français
Numéro dans la collection
62
Collection / Revue
Collections
Appartient à la collection/revue
ISBN
2-271-05827-9
Descriptif matériel
21 x 27 cm, 528 p.

L'abbaye bénédictine de Saint-Ouen, à Rouen, était l’un des plus riches monastères de la France médiévale. Sa fortune reposait sur un patrimoine immobilier (nombreuses maisons à Rouen) et sur un patrimoine foncier comprenant un grand nombre de domaines ruraux en Normandie et hors de Normandie (Angleterre, Soissonnais, Lorraine).

À la fin du xiiie siècle et au début du xive, trois abbés successifs ont voulu faire faire l’inventaire des biens et droits fonciers de leur monastère. Les résultats des enquêtes, effectuées pour l’essentiel entre 1262 et 1317, sont consignés dans un beau et gros volume de parchemin, connu sous le nom de « Livre des Jurés de Saint-Ouen », actuellement conservé aux Archives départementales de la Seine-Maritime.

Ce manuscrit rassemble les inventaires et les descriptions de 51 domaines ruraux de l’abbaye, dont 49 en Normandie entre la région de Caen et le cours de l’Epte, rédigés, pour les plus anciens en latin, et pour les autres, les plus nombreux, en ancien français.

Dans chaque domaine, du moins en Normandie, la coutume locale a été récitée par un certain nombre de témoins assermentés, les « jurés ». Dans chaque domaine sont passés en revue le domaine direct (ou réserve) du seigneur, l’église et la répartition des dîmes, les bois domaniaux, puis les tenures occupées par les dépendants de l’abbaye désignés individuellement par nom et surnom, avec leurs services et redevances. Ces tenures étaient, soit les tenures traditionnelles de Normandie (fief de haubert, vavassorie, vilainage, bourgage, bordage ou cotage), soit des parcelles de création plus récente, provenant notamment de défrichements.

Le document, dont la rédaction s’est étalée sur environ un demi-siècle, porte témoignage, non seulement sur l’organisation traditionnelle de la seigneurie rurale normande, mais aussi sur les transformations qu’elle connaissait à l’époque. On y saisit les mutations de l’organisation foncière, l’émiettement des tenures, le phénomène de sous-inféodation, l’endettement paysan et la conquête du sol, à la veille des grands bouleversements de la fin du Moyen Âge. Le texte, nous livrant des milliers de noms d’hommes et des centaines de noms de lieux, est aussi une source de premier ordre pour l’anthroponymie et la toponymie.

Henri Dubois, ancien professeur à l’Université de Rouen, professeur émérite à la Sorbonne (Université de Paris-IV), correspondant de l’Académie de Rouen, est spécialiste d’histoire économique, sociale et d’histoire de la population au Moyen Âge. Ses travaux ont porté plus spécialement sur la Normandie et les pays bourguignons.

Denise Angers, professeur titulaire d’Histoire du Moyen Âge à l’Université de Montréal (Québec), a publié de nombreux travaux sur l’histoire démographique et sociale de la Normandie, et elle est spécialiste de codicologie.

Catherine Bébéar, ancienne élève de l’École des Chartes, maître en Histoire, est spécialiste de l’histoire des monastères normands (notamment Montivilliers) et de paléographie médiévale.