Au début du xiie siècle, peut-être en 1122, certainement avant 1124, apparaît dans le faubourg Saint-Denis la léproserie de Saint-Lazare de Paris. Cet établissement, nullement rattaché à l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem dont la fondation lui est de trente ans postérieure, bénéficie dès le début des largesses royales, en particulier de la part de Louis VII, et de la protection de l’évêque de Paris, chargé d’ailleurs de veiller au bon fonctionnement de l’institution.
C’est à la société laïque que la léproserie dut le développement de son domaine : au xiie siècle, l’aristocratie foncière d’Île-de-France, souvent parce qu’un membre de la famille était entré à Saint-Lazare pour s’y faire soigner, multiplia les donations en aumônes de terres et de revenus ; au xiiie siècle, les donations se raréfient, mais les seigneurs des alentours engagent ou vendent aux lépreux une part de leurs possessions. Saint-Lazare entretenait avec soin les biens acquis, comme le montrent par exemple les travaux d’adduction d’eau pour alimenter leur fontaine, ou la gestion attentive de grands domaines, comme celui du Bourget. Un censier de l’époque, conservé dans le cartulaire, a été dressé avec la plus grande minutie. D’autre part, la foire créée par Louis VI, confirmée par Louis VII, assurait la prospérité commerciale de l’établissement.
C’est à la lumière des documents ici réunis que nous avons pu suivre les étapes du développement économique de la léproserie et recueillir les informations concernant son fonctionnement. Le très précieux cartulaire du xiiie siècle nous a livré une grande partie des actes figurant dans ce corpus, mais le fonds archivistique de Saint-Lazare comporte encore un grand nombre d’originaux. La proportion importante de pièces inédites accroît l’intérêt de cette publication.
Bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, puis attachée au CNRS, Simone Lefèvre a poursuivi, à titre individuel, des recherches minutieuses sur la mise en valeur des terroirs de la région parisienne au Moyen Âge. Elle a publié, entre autres, une longue étude sur L’aménagement de d’Île-de-France par les établissements religieux du xiè siècle au xiiie siècle. La publication présente avait constitué la matière d’une thèse secondaire pour le doctorat d’État.
Archiviste-paléographe, Lucie Fossier a poursuivi sa carrière à l’Institut de recherche et d’histoire des textes. Spécialiste de diplomatique, elle s’est consacrée aux côtés d’Anne Terroine à la publication des Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Magloire de Paris ; elle a d’autre part collaboré à la publication des Documents linguistiques de la France entreprise par Jacques Monfrin. Elle s’est également intéressée aux possibilités d’application de la méthodologie informatique des sources médiévales.